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Extrait  » retaillé » de la vidéo performance 4’48 »

La Fog Galerie dédiée à la création artistique émergente nous invite à découvrir l’artiste André Fortino dans une exposition monographique très rock’n roll. Artiste performatif dans un travail personnel sur le corps, André s’inscrit dans cette génération contemporaine qui flirte avec tous les mediums pour exprimer une pensée, une revendication, une expérimentation. Nous pouvons découvrir ici des vidéos de ses performances filmées de même qu’une série de peintures.

Les deux premières oeuvres qui accueillent le visiteur sont des vidéos où André, comme à son habitude, se met en scène. La première, durant quarante cinq minutes, relate ses déambulations au sein d’un hôpital désaffecté de Marseille, investi de « l’homme cochon » l’homme animal qu’il s’est créé, par le biais du masque. Il se confronte de façon étrange et absurde a son environnement et interagit avec les objets laissés a l’abandon qu’il rencontre, en une errance primitive. Ce film est le premier d’une trilogie annoncée dont il reprendra la gestuelle pour la décontextualiser.

Un deuxième film, extrêmement déroutant rend compte d’une performance filmée, sans aucune fioriture. La scène est pour le moins forte et impliquante: L’artiste est nu en plan italien, adossé à un mur orangé dans une lumière crue, sans aucun questionnement plastique. Il est face à la caméra pendant quatre minutes quarante huit secondes, temps d’une masturbation laborieuse et néanmoins efficace, sans plaisir, jusqu’au dénouement final. L’instant d’abandon de la venue à la jouissance est celui ou se joue réellement l’acte performatif. Il sollicite à ce moment paradoxal les fonctions de contrôle avec création d’une mise en scène accessoirisée surprenante. Il instaure dans cette temporalité spécifique, de par son curieux décalage, le vrai questionnement sur la notion d’obscénité, du festif et d’incongruité.

Une troisième vidéo très forte est directement tirée de son vécu puisqu’il se met en scène avec son propre père dans un protocole ritualisé de préparation et inhalation de cocaïne. La vidéo est appelée trait d’union, non sans humour car l’artiste reconnaît que ces pratiques occasionnelles avec son père étaient surtout pour lui l’enjeu d’un véritable échange verbal, de confidences profondes qui n’avaient pas lieu en dehors de ce contexte… La valeur désinhibitrice de la drogue agit ici comme médium libératoire de l’affect à travers une pratique prohibée qui met l’accent sur la transmission. La transgression troublante, menée par celui qui devrait incarner la loi psychanalytiquement, se répercute dans un jeu confusionnel des repères et symboles. Le père, en homme d’expérience, a le geste sûr. Le fils plus émotionnel et hésitant peine davantage a préparer deux traces parallèles. Il les aligne de façon trop rapprochée, si bien que les deux têtes se touchent au moment de la prise simultanée, en une marginale mais pourtant réelle communion…

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Le parcours se poursuit avec des peintures à l ‘effigie de « l’homme cochon » et une compilation vidéo des interventions de l’artiste, plein d’humour et d’ironie sur l’univers de l’art et ses dérives, le statut de l’artiste dont il se moque volontiers. On y retrouve aussi ses déambulations nocturnes dans Marseille toujours en homme cochon masqué, presque dans un état second, mettant à l’épreuve sa résistance physique et filtrant avec le danger. Il y a comme un désir de repousser toujours plus loin les limites de la convenance, les limites du possible…

Mû par l’énergie pure, André nous livre généreusement le plus intime avec un engagement personnel impressionnant. Se jouant des clichés, menant la dérision parfois à son paroxysme, il pointe le rapport primitif, instinctif, animal de l’individu face à son environnement et les dérives d’un monde dont le cadre aurait été mal défini.

Exposition du 20 janvier au 25 février 2012 à la Fog Galerie, 146 bd de charonne, 75020 PARIS

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