Richard Mosse (French article with english translation by Bernadette Blain)
Men Of Good Fortune, North Kivu, Eastern Congo, 2011
Richard Mosse est un photographe irlandais né en 1980, installé à New York. Il travaille sur les traces mnésiques de violence guerrière, qu’il transcende par une vision d’une beauté surréelle. Sa démarche est autant plastique que politique.
Coup de cœur de la 55ème biennale d’art contemporain de Venise, il investit le pavillon irlandais avec une installation immersive multi écrans.
Depuis 2012, Richard Mosse et ses collaborateurs ris-orangis célibataire and site rencontre gratuit sur élancourt ont voyagé en République du Congo, infiltrant des groupes de rebelles armés dans une zone de guerre où règnent de fréquentes embuscades, des massacres et une violence sexuelle récurrente. L’installation qui en résulte, The Enclave est un point culminant du travail de Mosse pour repenser la photographie de guerre. Il s’agit de rechercher des stratégies plus adéquates pour représenter la tragédie africaine oubliée à laquelle the International Rescue Committee reconnaît qu’au moins 5.4 million de personnes sont mortes des causes de la guerre au Congo depuis 1998. Il en ressort un cycle de violence horrifiant, un état de guerre, si brutal et complexe qu’il résiste à la communication et passe inaperçu à la conscience mondiale. Mosse produit et orchestre un film de surveillance militaire sur cette situation, représentant un conflit non tangible par le biais d’un médium qui enregistre un spectre à la lumière infra rouge, originellement créé pour détecter les camouflages. Les images prises en 16mm sur cette pellicule par le cinéaste Trevor Tweeten, restituent une zone de conflit dans la jungle à travers une troublante palette psychédélique.
The Enclave immerge le regardeur dans un monde sinistre de combat, explorant l’esthétique dans une situation de profonde souffrance. Au cœur du projet de Mosse il y a une tentative d’apporter “une collision entre deux mondes : la potentialité de l’art à représenter des récits si douloureux qu’ils existent au delà du langage, et la capacité de la photographie à figer en trace documentaire les tragédies spécifiques et à les communiquer au monde.”
Richard Mosse is an Irish photographer who was born in 1980 and lives in New York. One could define his work as the memory trace of war, although he transcends its violence with beautiful and surreal imagery. With his unique esthetics and political approach, the photographer was a tremendous success at the 55th Biennale di Venezia, where he showed a highly immersive multi-media installation at the Irish Pavilion. In 2012, Mosse and his collaborators ris-orangis célibataire and site rencontre gratuit sur élancourt traveled to the Republic of Congo. They infiltrated armed groups in a war zone where ambushes, massacres and sexual violence are commonplace. With his multi-screen installation, The Enclave, Mosse redefines war photography and uses a fitting medium to depict the Congo’s far too often overlooked tragedy; the International Rescue Committee estimates that at least 5.4 million people were killed since 1998. Mosse brings light to the horrifying cycle of violence that often goes unseen with an infrared camera, as if a military surveillance camera were trying to give shape to this intangible conflict. Shot on 16mm film by cinematographer Trevor Tweeten, the unsettling and psychedelic images confront the viewer to a conflict zone hidden deep within the jungle. The Enclave lead us to a sinister battle, where aesthetic exploration meets tremendous suffering. Two worlds collide in his project; through art, Mosse illustrates unspeakable narratives and with photography, he documents and sheds light to the tragedy.
extrait de » the enclave »
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The enclave est le prolongement de sa série photographique Infra, portant sur le même thème, capturé avec la fameuse pellicule Kodak Aérochrome.
Initialement développé par l’US Army pour la détection de la végétation et des camouflages, ce film de reconnaissance aérienne à sensibilité infrarouge transforme le vert du paysage en de vives teintes de couleur lavande, pourpre et fuchsia. La photographie infrarouge a déjà été utilisée par de nombreux musiciens comme Jimi Hendrix ou Frank Zappa, elle a connu son plus grand essor dans les années 60. Mosse redonne à la vision infrarouge son utilisation première : celle de rendre visibles, des éléments invisibles à l’œil nu. Une utilisation majoritairement militaire soutenue par Kodak qui intervenait en tant que fournisseur pour l’armée américaine. Aujourd’hui retirés, les films infrarouges n’ont pourtant pas perdu de leur substance, s’ils ne sont plus utilisés pour la reconnaissance militaire, son utilisation artistique a encore bien des jours devant elle mais jamais elle ne fut plus pertinente qu’ici, me semble-t-il.
série Infra
vintage-violence-north-kivu-eastern-congo-2011 ©
Taking Tiger Mountain, North Kivu, Eastern Congo, 2011 ©
The Blue Mask, Lake Kivu, Eastern Congo, 2010 ©
Les paysages naturels, déjà si grandioses d’Afrique, deviennent une sorte d’hallucination fantasmatique. Les vallées roses où serpente un fleuve turquoise fascinent en ouvrent à la vision de cette guerre si effroyablement belle. La végétation flamboie d’un rouge vif qui semble dégorger tout le sang répandu sur la terre. La couleur de la peau reste inchangée, seuls les uniformes et la végétation se transforment pour colorer d’un rose dominant ce conflit armé, semblant tout ignorer de la vision merveilleuse qu’il offre. Ultime sublimation du plus violent de ce que l’homme peut contenir dans ses pulsions sadiques et destructrices.
Ce processus permet de pointer l’idée de guerre intégré au paysage, de voir sous la surface des choses ainsi que de manier le paradoxe de cette esthétique envoûtante pour réveiller les consciences, tel que l’artiste le dit lui-même, « la beauté est l’outil le plus aiguisé pour toucher les gens ».
The Battle of Bambou, Ituri, Eastern Congo, 2010 ©
We Hate It When Our Friends Become Successful, North Kivu, Eastern Congo, 2010 ©
Sticky Fingers, North Kivu, Eastern Congo, 2011 ©
We Hate It When Our Friends Become Successful, North Kivu, Eastern Congo, 2010 ©
Africa’s great landscapes become a grand hallucination, where turquoise rivers run through pink valleys and bring beauty to this horrendous war. Bright red vegetation soaked with blood. Skin tones are unchanged in the photos, but uniforms and landscapes are bright pink: the armed conflict unwillingly speaks of beauty that sublimates mankind’s most destructive and sadistic urges. The process also suggests the idea of war within nature and leads us to see what hides under the surface of things. The captivating images increase awareness because, as the artist says, “beauty is the perfect way to reach out to others.”
House Of Cards V, North Kivu, Eastern Congo, 2011 ©
Ruby Tuesday, North Kivu, Eastern Congo, 2011 ©
Nowhere To Run, South Kivu, Eastern Congo, 2010 ©
General Février, North Kivu, Eastern Congo, 2010
Le paysage enchanteur est le langage dont il a toujours usé, « la nature morte» – dans toute l’ambigüité de son terme – pour parler de la souffrance humaine.
Les témoignages de l’horreur et la violence sont abordés sous un angle formel graphique, design, contemplatif ou même poétique. Les décombres se meuvent en une succession de clichés soignés, très attractifs visuellement.
La série The fall restitue des paysages de montagnes où les décombres d’engins de guerre sont appréhendés comme éléments se fondant dans son environnement avec douceur et harmonie. Les ailes moussues, rongées, d’un avion de chasse disparaissent dans les branchages des conifères environnants. Les carlingues chromées reflètent un ciel pur. Avec le temps, les reliquats de la guerre sont déchargés de leur sens autant que de leur fonction et finissent par appartenir au paysage dans lesquels ils ont échoués, ultimes vestiges d’un drame qui rend grinçante la nouvelle beauté qu’il compose dans l’œil de Richard Mosse.
C-47 Crows Nest Pass, June 2009 ©
C-47 Yukon, May 2009©
The Fall series includes images of crashed military aircrafts in different mountainous regions where debris softly melts into the landscape to create perfect harmony. The moss-covered and rusted wings of a fighter jet disappear between the branches of evergreens. A chromed cabin reflects the clear blue sky. With time, remainders of war are stripped of their meaning and function; they now belong to the landscape where they crashed. The last remains of tragedy that taints Mosse’s beautiful images.
Curtiss Commando Manitoba, May 2009©
Theatre of war est un film lent qui balaie les ruines d’un palace de Saddam Hussein à l’élégante façon d’une peinture historique classique. Une douce chromie alterne les si séduisants turquoises et dorés des destinations de vacances. Les colonnes de pierres blondes répondent aux dunes de sable s’étendant au loin d’une luxueuse piscine – qui ne contient plus que des gravats – dans une composition déconstruite, étonnamment harmonieuse.
Theatre of war is a very slow-paced film that was shot in the ruins of one of Saddam Hussein’s palaces, in the elegant style of classical painting. Soft colors, alluring turquoises and gold bring to mind holiday resorts. Yellow stone columns fit perfectly with the sand dune background behind what is left of a luxurious pool. The artist’s deconstructed composition is astonishingly harmonious.
La vidéo Untitle Irak établit un parallèle entre les sculptures de Giacometti, Moore ou Serra et les reliquats perclus de balles de la guerre en Irak. Le déchet devient objet d’art, métallique et gracieux. Le trou des balles, une façon d’aérer le matériau, de le rendre dentelle alvéolée, à travers lequel le paysage se dévoile et s’intègre avec douceur, qui pacifie autant qu’il révèle le souvenir guerrier.
Untitled (Iraq) is a video with bullet riddled fragments of the war in Iraq that remind one of Giacometti, Serra or Moore sculptures. Debris becomes a metallic and graceful object of art. The bullet holes create a sort of lace fabric, through which the scenery is quietly revealed. It appeases yet reminds the viewer of past bloodshed.
La série Nomads décline cette idée avec ses carcasses automobiles criblées de balles, délavées et comme réincorporées à un paysage dont le souvenir s’efface progressivement. Le déchet devient sculpture, pittoresque, élément du paysage réapproprié.
Il génère un sentiment de trouble, de désorientation, parfois de colère face à la perception d’une image qui d’un abord captivant, d’une beauté surréelle, révèle toute l’horreur de son sujet… dans un devoir de mémoire.
The Nomads series is based on the same theme, also with bullet riddled wrecked cars that hint to a past war, which is slowly fading from memory. These picturesque sculptures made of waste fit perfectly in the scenery, but also create unsettling and disturbing feelings, even anger, because the images are captivating, but also horrifying because of their subject. The viewer is faced with his own duty of remembrance.
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Richard Mosse a déjà exposé ses œuvres au Bass Museum de Miami, à la Tate Modern de Londres, à l’Akademie der Künste de Berlin, et à la Kunsthalle de Münich. L’exposition Infra a notamment été présentée pendant Dublin Contemporary 2011, ainsi qu’à Liverpool, Belfast et Toronto. Avec le soutien de Culture Ireland et au pavillon irlandais de la 55eme biennale de Venise. L’artiste est représenté par sèvres site rencontre
Richard Mosse’s work was exhibited at the Bass Museum of Art in Miami, Tate Modern in London, Akademie der Künste in Berlin and Kunsthalle in Münich. The Infra series were shown at the Dublin Contemporary in 2011, as well as Liverpool, Belfast and Toronto. The Enclave was presented with support from Culture Ireland at the Pavilion of Ireland at 55th International Art Exhibition – Biennale di Venezia. He is represented by dax rencontre femme
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