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Rose Mist, 2012
huile sur lin sur panneau, 150 x 120 Crédit photo Raphaële Kriegel.

A peine sortie des gisants de Jan Vabre à la galerie Templon et de l’émoi suscité par ces préciosités ciselées dans le marbre, me voici de nouveau saisie quelques mètres plus loin… De cette surprise dont certaines journées font la grâce d’offrir beauté et intérêt de façon prolifique… alors qu’une multitude d’autres s’étirent en longueur dans de mornes lueurs.
Me voici rivée comme une enfant aux vitres de l’attractive galerie Estace, attirée par des photographies de sculpture d’un genre autre.
Un magma de végétaux inidentifiable semblent réalisé dans un choix de matériau inattendu, une céramique délicatement vernie.
Entrant pour comprendre l’œuvre, je saisis que mes sens ont été mis en déroute, puisque Stephen Peirce, l’artiste britannique exposé est peintre et que cette image si vivante est réalisé a l’huile sur toile!
Il est vrai que la peinture contemporaine, à l’instar d’un Gerhard Richter qui aimait faire de la photographie avec un autre médium, joue souvent avec la frontière de ces deux modes de représentation mais ici, Stephen Peirce introduit un troisième niveau de complexité en évoquant par un efficace trompe l’œil de la matière sculptée.
Les tonalités sourdes, un peu rétro avec filtre pastel sur noir et blanc livre une agrégation ascendante de matière dont on ne sait si elle est végétale ou organique. La temporalité de ce qui semble composer un paysage surgissant d’un chaos post nucléaire au vu de ses hybridations inquiétantes, s’en trouve suspendu…

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sans titre, 2012
huile sur toile, 200 x 100 cm Crédit photo Raphaële Kriegel.

Ce qui aurait pu être un sujet de science fiction trouve son langage formel dans une évocation de terre cuite, parfois vernie, une porcelaine dont la délicatesse ornementale renouvelle le genre, comme celui classique d’une nature morte. L’ambiguïté, née de ce qui demeurait figé sous la laque, apparait ici en mutation, reprend vie. La sensation spectaculaire de rendu de mouvement est clairement perceptible.
Ces étranges végétaux s‘enchevêtrent avec des organes humains ostensiblement sexuels, comme dans une hybridation génétique anormale, dans une incorporation se mêlant aussi à du déchet.
Ce chaos post apocalyptique interroge la place de le nature dans une culture qui tend à la domestiquer jusqu’à atteindre les limites de l’éradication. On sent la reprise de pouvoir de cette nature balayée de trace humaine qui recompose un payage trivial autant que poétique.

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sans titre, 2012
huile sur toile, 100 x 200 cm Crédit photo Raphaële Kriegel.

Puisant ses référents dans le cinéma de Tarkovski, et antérieurement dans la littérature d’anticipation de Huxley comme celle de Ballard, Peirce aime à faire surgir une fantasmagorie ambiguë. Son œuvre plus ancienne s’inscrivait davantage dans un surréalisme psychédélique à grand renfort de tonalités éclatantes. Paradoxalement ses dernières toiles très adoucies et plus épurées, de par leur soudaine proximité, comportent une charge de violence plus intense. L’humanité est donnée a voir sous le sceau d’une certaine abjection.
Dans un entretien récent avec un journaliste de ART Media Agency  Stephen Peirce précise: « Si on regarde en arrière, mes tableaux étaient devenus de plus en plus fantastiques, avec des couleurs intenses, artificielles, et des sujets ambigus et oniriques. Ils étaient conçus comme des méditations, voire des hallucinations sur la nature de la vie, de la mort, du changement et du temps qui passe. Les nouvelles œuvres ont évolué, elles ont pris un aspect plus feutré, plus nuancé. Le fantastique et le surréel laissent la place au réel. Cette esthétique réaliste nous pousse à consentir aux formes telles qu’elles existent dans le monde réel. Et l’ambiguïté des formes découle du désir de présenter une vision du sujet comme un flux lié à la croissance, au déclin et à l’entropie, qui sont des leitmotivs de mon travail. »

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Node, 2011
huile sur toile, 150 x 120 cm Crédit photo Raphaële Kriegel.

Il est vrai que l’accrochage de la galerie Estace est judicieux car cette évolution particulièrement réussie des dernières pièces de Peirce nous capte aussitôt des pavets urbains. Cette galerie, à l’espace atypique propose un cheminement joyeux à travers ses différents niveaux et recoins insolites. Elle offre, dans cette exposition monographique, une immersion dans l’univers fantastique de son auteur. Un voyage onirique et grinçant a tenter absolument…

Exposition STEPHEN PEIRCE du 28 février au 14 avril 2013 à la galerie ESTACE 24 rue Beaubourg 75003 Paris  tél/ 00 33 (0) 6 61 19 89 17
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